Message
par Shidi Nicolas » Lun Déc 09, 2019 7:38 pm
Salut, Clément, et merci d’ouvrir cette discussion, sujet que j’affectionne particulièrement.
Je pourrais dès maintenant t’en mettre une grosse « tartine » sur la diététique, car c’est une étude que j’ai commencé, il y plus de 10 ans maintenant est qui n’en finit toujours pas… !!!
Je vais tâcher de répondre le plus simplement possible, donc désolé pour la petite « tartine ».
Le « régime Végan » pousse la démarche très loin vis-à-vis de l’animal, il repose sur la diététique, mais aussi sur un concept de vie (habillage, déplacement, utilisation de l’animal pour le travail), mais je vais rester sur la partie diététique.
Je vais découper cette « vision » de l’alimentation en deux, une occidentale et une orientale.
En Occident, les points positifs sont exposés dans le reportage, mais je voudrais apporter un bémol à ce régime.
On sait aujourd’hui que l’on peut se passer d’aliment animal (viande, poisson, laitage, oeufs). Pour cela il faut une bonne adéquation entre céréales, légumes et légumineuses.
Pourquoi ? Les protéines animales contiennent toutes, tous les acides aminés dits « essentiels ».
Pour rappel, une protéine est faite de plusieurs acides aminés, certains sont synthétisable par notre corps et d’autre doivent être apporté par l’alimentation, se sont les acides aminés essentiels, il y en a 8.
Dans un légume, légumineux, céréale, il y a des protéines, mais rare sont celles qui possèdent tous les acides aminés essentiels. Donc il est nécessaire d’avoir dans un même repas (ou journée) des légumes, légumineuses, céréales pour être sûr de ne pas être carencé en acides aminés essentiels.
Deuxième point, la fameuse vitamine B12, qui est en grande proportion dans les aliments d’origine animal et absente dans le végétal. Il faut donc un apport spécifique en complément, synthétique la plus part du temps (pas très « nature » comme apport), mais aussi certaines algues la produise.
Idéologiquement, l’un des problèmes c’est que nous sommes omnivores et il y a certainement une raison à cela. L’une des raisons explorées par Francis Hallé (dans la Condition Tropicale) est le lieu de notre résidence de vie. Quand tu vis au pôle Nord comme les Inuits, les légumes en hivers (qui est long) ça ne court pas les rues ! Sous les tropiques, tu n’as qu’à lever le bras ! Donc cette superbe adéquation légume, céréale, légumineuse n’est pas forcement réalisable partout sauf avec un certain coût écologique, mais c’est encore un autre débat.
D’un point de vue oriental.
Tout d’abord, les extrêmes ne sont jamais bon (comme le souligne si justement Ange), donc ce genre de régime n’est pas très équilibré et peu recommandable en diététique chinoise.
Néanmoins on peut apporter plusieurs nuances en partant de quelques points théoriques (mais je ne vais pas tout exposer).
La digestion demande de l’énergie. Or il est facile de digérer des galettes de légumineuse qu’une entrecôte. Quand on dit plus difficile, c’est que cela demande plus d’énergie et plus de temps. Donc un repas véggie juste avant un training sera plus facilement assimilé et te coûtera moins d’énergie qu’un magret de canard sauce caramel ! Néanmoins, si tu ne fais rien après ton magret de canard pas de soucis pour la digestion.
Ensuite, nos capacités de digestion sont dépendantes de notre état de fatigue et de stress (plus exactement cela fait référence à l’énergie des reins et aussi de la rate en MTC). Plus tu es fatigué, stressé, plus la digestion sera difficile. Idem en fonction de l’âge. À l’adolescence, tu peux tout engloutir, après un âge avancé ça commence à être plus compliqué (d’ailleurs si nous écoutons un peu nos anciens, ils le disent bien que la viande, ça passe moins bien avec l’âge).
Encore une notion, les aliments sont plus facilement assimilables (digeste) s’ils sont cuits. Les aliments crus demandent plus d’énergie pour être assimilés. Donc, rentre en jeu le type de cuisson en fonction de l’aliment, mais là on rentre dans des notions plus complexes et subtiles.
Ensuite comme tu l’as mentionné en diététique chinoise, on donne une nature à l’aliment.
Les différentes natures sont : chaud, tiède, neutre, frais, froid.
Cela représente la conséquence de l’aliment sur ton organisme. Exemple : tu manges une fraise avec de la menthe cela va générer de la fraîcheur dans ton corps. Si tu manges un steak grillé avec du poivre, cela va générer de la chaleur.
Le point de départ de cette évaluation est le riz qui est considéré comme un aliment neutre.
C’est une notion très utile à prendre en compte dans la composition d’un repas afin d’avoir une moyenne des aliments qui correspondent à la nature dont ton organisme a besoin.
En plein été, il fait très chaud, tu vas chercher les aliments frais ou froid comme la menthe, la fraise… si tu manges un gros steak grillé, tu vas te mettre à transpirer à grosse goutte.
En hivers, si tu te fais un thé à la menthe tu ne risques pas trop de te réchauffer, mais plutôt l’inverses, par contre le steak grillé va passer tout seul et te réchauffer.
J’ai parlé du climat, mais cette alimentation est aussi adaptable en fonction de son état de santé « énergétique ».
Pour plus de détail, je vous renvoie vers les livres que je vais mettre dans la section livre.
Pour revenir à notre société. La viande est aujourd’hui considérée comme indispensable, mais cette notion est historique. Elle remonte à la guerre de 39-45 et surtout l’après-guerre où les produits animaux étaient rares et coûteux. Quand le système agricole s’est remis en marche et qu’avec la modernisation des systèmes de productions on a pu mettre à bas prix les produits animaux, on en a fait une panacée. Le point de vue perdu à ce moment-là c’est la réalité de nos besoins.
Nous n’avons clairement pas besoin (physiologiquement) de manger de la viande à tous nos repas.
D’ailleurs si l’on reprend le PNNS (programme Nutritinel National Santé), il est décrit une pyramide alimentaire avec comme base les fruits et légumes. Petite blagie, historiquement il était préconisé 10 fruits et légumes par jour, mais ce n’était pas réalisable aux vues des chiffres de productions et du nombre d’habitants en France, alors ils ont mis 5 fruits et légumes !!!!
Donc, dans cette pyramide, fruits et légumes en base, puis céréales, puis produits animaux. Or aujourd’hui, la majorité des français conçoivent un repas en partant du produit animal puis rajoute un légume ou une céréale, mais plus rarement les deux (je ne me souviens plus de la référence Biblio mais de souvenir c’est ça).
Un autre exemple que j’aime à citer, c’est au restaurant, on va prendre une belle pièce de viande et un accompagnement !!!
Pour ma part. Je ne mange de la viande qu’une ou deux fois par semaine, des oeufs 3 à 5 fois par semaine (plus difficile à quantifié, car j’en utilise pas mal en préparation), du poisson deux-trois fois le mois (en Corrèze nous ne sommes pas gâtés en poisson frais (truite d’élevage), donc c’est plutôt sardine et maquereau).
J’évite les produits animaux le soir et encore moins avant un training (au moins 5h avant).
Mais encore une fois (comme le formule Ange), mon voisin n’est pas moi, et donc en fonction de son métier, de son activité physique, de son mode de vie, de son lieu de résidence, de son âge, mon régime alimentaire ne lui conviendra pas forcement.
Pour avoir expérimenté un paquet de régimes alimentaires, celui de la médecine chinoise est celui qui me convient le mieux, car il est adaptatif aux saisons, aux produits que j’ai en local et en fonction de mon état de santé. Mais pour le comprendre, il faut l’étudier, l’essayer, le vivre et en faire sa propre sauce.
Bref c’est un vaste sujet, mais je reviendrai dessus plus longuement un jour prochain.
Shi-Xiong Nicolas - Vegennes
Le bonheur n'est pas une destination, mais le chemin.